Sois un taon sur le dos d’un cheval
Un jour son démon dit à Socrate : « Sois un taon sur le dos d’un cheval. » C’est Socrate qui après coup traduisit de façon absurde les mots profonds que son démon avait prononcés. Il crut que cela voulait dire : « Deviens un philosophe dans les rues de la cité. Pique le cerveau de tes concitoyens échoppe après échoppe. Meurs pour le renom de ta ville. » Or, son démon s’était contenté de lui dire : « Sois un taon sur le dos d’un cheval. »
Pascal Quignard, Les Désarçonnés, Grasset, 2012.