J’entrai avec une barque
J’entrai avec une barque dans une petite baie naturelle : l’instant d’après, je me sabordai, sans plus de cérémonie ; mon naufrage et ma mort devaient avoir toute la discrétion requise ; j’étais près à mourir, j’avais entonné un chant, j’avais prononcé mon éloge funèbre et légué mon corps aux ingrats — j’étais près à mourir, seulement voilà : j’avais pied.
Franz Kafka, Œuvres complètes II, traduit de l’allemand par Marthe Robert, éditions Gallimard (bibliothèque de la Pléiade), 1980.
Pierre Senges, Études de silhouettes, éditions Verticales, 2010.