lundi 17 janvier 2011

Les peuples sont las quelque temps devant que de s’apercevoir qu’ils le sont


Photo : Henri Cartier-Bresson

Les peuples sont las quelque temps devant que de s’apercevoir qu’ils le sont. Ce qui cause l’assoupissement dans les États qui souffrent est la durée du mal, qui saisit l’imagination des hommes, et qui leur fait croire qu’il ne finira jamais. Aussitôt qu’ils trouvent jour à en sortir, ils sont si surpris, si aisés et si emportés, qu’ils passent tout d’un côté à l’autre extrémité, et que bien loin de considérer les révolutions comme impossibles, ils les croient faciles ; et cette disposition toute seule est capable de les faire.

Jean-François-Paul de Gondi, cardinal de Retz, Mémoires (1675-76).