vendredi 7 juillet 2006

Il y avait chez eux d’autres agréments qui me prenaient davantage le cœur



Il y avait chez eux d’autres agréments qui me prenaient davantage le cœur : c’était de causer et de rire avec eux, c’était les complaisances d’une bienveillance mutuelle, la lecture en commun des livres bien écrits, les plaisanteries, les égards réciproques ; quelquefois un désaccord sans rancune, comme on en a avec soi-même, dissentiments rarissimes qui sont le sel d’une entente habituelle ; c’était d’instruire et d’être instruit tour à tour ; le regret impatient des absents, l’accueil joyeux fait a ceux qui arrivent. Ces témoignages et d’autres de même sorte, qui s’échappent des coeurs aimants et aimés, par le visage, la langue, les yeux, par mille gestes gracieux sont comme un foyer ou les âmes se fondent et de plusieurs n’en font qu’une seule.

Saint Augustin, Les Confessions, livre IV, chap. 8, traduit du latin par Joseph Trabucco, éditions Garnier frères, 1964.