jeudi 28 septembre 2006

Maudites crottes de Paris



Iuste Ciel, voilà bien des mouches,
Et ie suis vn ioly garçon!
I’en ay dessus mon polisson
Pour barbouiller cent Scaramouches;
Ha! mon habit est tout perdu!
Et ie voudrois qu’il fust pendu,
Ce cocher, ce bougre incurable.
Surtout, que n’ay-ie mon miroir?
Moy qui n’ay iamais veu le Diable,
Ie serois rauy de me voir.
Mais ce ne sont là que des roses;
En voilà bien d’autres, vrayement!
I’en ay iusques au fondement,
En faueur des metamorphoses;
Mes souliers, mes bas, mon manteau,
Mon colet, mes gands, mon chapeau,
Sont passez en mesme teinture
Et dans l’estat où ie me voy,
Ie me prendrois pour vne ordure,
Si ie ne me disois, C’est moy!
Il n’est ordure icy qui tienne;
Morbleu! fange d’estron molet,
Pour satisfaire mon valet,
Il faut qu’il vous en ressouuienne.
Elixir d’excremens pourris,
Maudites crottes de Paris,
Brain de damnez abominables,
Noire fecalle de l’Enfer,
Noire gringenaude du Diable,
Le Diable vous puisse estouffer!

Claude Le Petit (1638-1662), La Chronique scandaleuse ou Paris ridicule (1656?).