mercredi 8 octobre 2014

Aucun monde de mots ne créa son monde de choses


La destruction d’un peuple se fait toujours par étapes, et chacune est, à sa manière, innocente de la précédente. Le spectacle, qui s’empara des Indiens aux derniers instants de leur histoire, n’est pas la moindre des violences. Il fixe dans l’oubli notre assentiment initial. Partout, le premier amour n’a duré qu’une minute. Puis, chaque fois, se produisit la même incontrôlable destruction. Et aucun monde de mots ne créa son monde de choses.

Éric Vuillard, Tristesse de la terre. Une histoire de Buffalo Bill Cody, Actes Sud, 2014.