vendredi 30 juin 2006

Un homme apte à la philosophie

Métroclès, frère d’Hipparchia, qui avait été tout d’abord l’auditeur du Péripatéticien Théophraste, avait été si bien gâté qu’un jour où, au milieu d’un exercice oratoire, il avait lâché un pet, il resta enfermé chez lui, découragé, bien décidé à se laisser mourir de faim. Lorsqu’il appris la chose, Cratès, qu’on avait sollicité, se rendit chez lui et, après avoir à dessein mangé des lupins, le persuada, arguments à l’appui, qu’il n’avait rien fait de mal. C’eût été en effet un prodige que les gaz ne fussent pas eux aussi rejetés de façon naturelle. Finalement Cratès se mit à lâcher des pets et réconforta Métroclès, en le consolant grâce à l’imitation de ses actes. De ce jour, Métroclès fut son auditeur et devint un homme apte à la philosophie.

Diogène Laërce (IIIe siècle), Vies et doctrines des philosophes illustres, VI, 94, Métroclès.