vendredi 16 juin 2006

Et les rêves où vont-ils, où vont-ils, mes amis ?


Edward Gorey

Ah ! sans la pipe la vie serait aride, sans le cigare elle serait incolore, sans la chique elle serait intolérable ! Les imbéciles vous disent toujours : « Singulier plaisir ! tout s’en va en fumée ». Comme si tout ce qu’il y a de plus beau ne s’en allait pas en fumée ! et la gloire ? et l’amour ? et les rêves où vont-ils, où vont-ils, mes amis ? Dites-moi donc si les plus beaux spasmes des adolescents, si les plus larges baisers des Italiennes, si les plus grands coups d’épée des héros ont laissé autre chose dans le monde que n’en a laissé ma dernière pipe.

Gustave Flaubert, lettre à Ernest Chevalier, 2 septembre 1843.