vendredi 2 mai 2014

Rien n’avait commencé puisque rien ne continuait

Si quelque chose un jour commença d’avoir lieu, quelque chose qui voulait « prendre » pour bientôt prendre forme et plus tard prendre fin, nous l’avons oublié très vite, nous ne l’avons pas ramassé, pas raconté ; nous l’aurions pulvérisé plutôt. Nous, à qui le séjour de la moindre des choses donnait la crainte de la retrouver collée. Rien n’avait commencé puisque rien ne continuait, rien dans aucune direction ferme. La Terre n’était pas notre sol, notre mère, et certains voulaient croire que nous passions sur elle pour l’alléger. Les aveugles rêvaient à des murs qui n’auraient pas arrêté leur main

Roland Dubillard, « Les Campements », Olga ma vache, Gallimard, 1974.