Le Club des méprisants
Situé derrière la gare d’Austerlitz ce club groupait des membres méprisants. Les réunions avaient lieu en principe le lundi et se déroulaient au milieu d’un profond mépris. Le processus en était toujours à peu près le même, le Président jetait un regard méprisant sur les membres, ceux-ci le regardaient en ricanant, certains lui tournaient ostensiblement le dos, d’autres crachaient par terre. Le Président haussait les épaules et lisait trop vite et du bout des dents un texte désinvolte qu’il froissait ensuite entre ses mains. Ces réunions ne pouvaient durer plus de quelques minutes en raison de l’animosité qui ne cessait de croître entre les membres que seul leur mutuel mépris empêchait de se battre. Cela ne pouvait donc durer et ne dura pas en effet plus de quatre ans ce qui n’est déjà pas négligeable.
Chaval, Les Gros Chiens, éditions Climats, 1990.