La résolution que nous avions prise
La résolution que nous avions prise de demeurer irrésolus nous semblait plus tristement que les autres impossible à tenir. Une perfection, ni passée ni présente, sous-tendait notre parole et l’utilisait à rendre lumineuse l’imperfection de nos mœurs. Force nous était de la rejeter dans un futur inattendu mais fatal. Après nous ne savions quel bouleversement, un simple déclic de l’imparfait, comme lorsque deux gouttes d’eau se fondent en une, nous rendait capables de saisir ce que nous ne faisions qu’apprécier, accomplirait la promesse distante que semblaient nous faire les objets. Ceux qui se refusaient à l’expérience de l’encre pressentaient vaguement l’avenir comme un incendie.
Roland Dubillard, « Les Campements », Olga ma vache, Gallimard, 1974.