[...] he was better of course, but better, after all, than what? He should never again, as at one or two great moments of the past, be better than himself. The infinite of life was gone, and what remained of the dose a small glass scored like a thermometer by the apothecary. He sat and stared at the sea, which appeared all surface and twinkle, far shallower than the spirit of man. It was the abyss of human illusion that was the real, the tideless deep.
[...] The tears filled his mild eyes; something precious had passed away. This was the pang that had been sharpest during the last few years--the sense of ebbing time, of shrinking opportunity; and now he felt not so much that his last chance was going as that it was gone indeed. He had done all he should ever do, and yet hadn’t done what he wanted. This was the laceration—that practically his career was over: it was as violent as a grip at his throat.
[...] “A second chance—THAT’S the delusion. There never was to be but one. We work in the dark--we do what we can—we give what we have. Our doubt is our passion and our passion is our task. The rest is the madness of art”.
[...] certes, il allait mieux, mais tout compte fait, mieux par rapport à quoi ? Jamais plus, comme en un ou deux grandes occasions passées, il ne serait derechef mieux qu’à son ordinaire. L’infini de l’existence s’en était allé ; il n’en subsistait plus que la valeur d’un petit verre gradué tel un thermomètre chez le pharmacien. Il demeura assis, les yeux fixés sur la surface brasillante de la mer, qui apparaissait bien moins profonde que l’esprit humain. C’était l’illusion sans fond propre à l’homme qui constituait la vrai, l’immuable profondeur.
[...] Ses yeux doux s’emplirent de larmes. Quelque chose de précieux venait de mourir. Au cours de ces dernières années, il n’avais rien éprouvé d’aussi déchirant que cette sensation du temps qui reflue, des opportunités qui se raréfient. Il sentait non seulement qu’à présent sa dernière chance s’éloignait mais qu’en fait elle s’était déjà bel et bien éloignée. Tout ce qu’il pourrait jamais accomplir, il l’avait accompli, sans pour autant avoir accompli ce qu’il s’était proposé de faire. De là son déchirement : en somme, sa carrière avait touché à son terme. L’expérience était aussi violente que de se sentir brutalement saisi à la gorge.
[...] « Une seconde chance... c’est bien là l’illusion. Il n’en est jamais prévu qu’une. Nous travaillons dans les ténèbres... Nous faisons ce que nous pouvons ; nous donnons ce que nous avons. Notre doute est notre passion et notre passion est notre tâche. Le reste relève de la folie de l’art. »
Henry James, « The Middle Years », 1893 ; « Les Années médianes » traduit de l’anglais par François Piquet, Nouvelles complètes III, 1888-1898, édition établie par Annick Duperray, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2011.