lundi 4 décembre 2006

Nous acceptons la capacité qu’ont les Lièvres à changer de sexe



Que chaque Lièvre soit des deux sexes, c’est-à-dire que chaque Lièvre soit à la fois mâle et femelle est évidemment l’opinion du Vulgaire, opinion également défendue par Archéalos, Plutarque, Philostrate et beaucoup d’autres encore. Les Rabbins juifs sont également du même avis, et la chose est en outre confirmée par le mot hébreu, lequel, comme s’il n’existait aucun individu uniquement mâle dans cette espèce, n’est que de genre féminin. On trouve également la même chose dans les fondements symboliques de la loi et de tous les vices qui y sont indiqués ; à savoir non seulement la pusillanimité et la timidité du fait de son tempérament, la fénération ou l’usure du fait de sa fécondité et de sa superfétation mais, également, à partir de ce mélange des deux sexes, une lubricité anormale et une effémination dégénérée.
[…] Nous […] acceptons la capacité qu’ont les Lièvres à changer de sexe, toutefois nous pensons que cela n’arrive que rarement.

Thomas Browne, Pseudodoxia Epidemica ou Examen de nombreuses idées reçues et de vérités généralement admises (1646), livre III, chapitre XVII, traduit de l’anglais par Bernard Hoepffner avec la collaboration de Catherine Goffaux, José Corti, 2004.