dimanche 7 août 2011

Tout sera oublié et rien ne sera réparé



Oui, j’y voyais clair soudain : la plupart des gens s’adonnent au mirage d'un double croyance : ils croient à la pérennité de la mémoire (des hommes, des choses, des actes, des nations) et à la possibilité de réparer (des actes, des erreurs, des péchés, des torts). L’une est aussi fausse que l’autre. La vérité se situe juste à l’opposé : tout sera oublié et rien ne sera réparé. Le rôle de la réparation (et par la vengeance et par le pardon) sera tenu par l’oubli. Personne ne réparera les torts commis mais tous les torts seront oubliés.

Milan Kundera, Žert, 1967, La Plaisanterie, traduit du tchèque par Marcel Aymonin, Gallimard 1968, traduction révisée par Claude Courtot et l'auteur, Gallimard, 1985 (version définitive).